Sous un soleil radieux, nous pénétrons dans San Francisco, 4ème ville du pays. Une fois notre hôtel regagné, l'heure est au grand nettoyage car oui, les 8 jours le long de la côte ont laissé des traces. Notre chambre prend des airs de séchoir lorsque nous étendons tente et autres affaires de camping détrempées. Pour notre lessive, nous avons repéré un sympathique "cafe-laundry" à quelques rues de notre quartier. L'ambiance y est vivante et pour cause, un spectacle de stand-up y prend place. Des comiques amateurs se succèdent sur scène et parviennent avec plus ou moins de succès à déclencher les éclats de rire du public présent. Nous profitons de ce show le temps que notre lessive se termine et, le rire ouvrant l'appétit, nous offrons même un burger fait maison.

Le lendemain, nous nous lançons corps et âmes à la découverte de "Frisco". L'objectif principal est bien entendu le golden gate bridge, véritable symbole de San Francisco. Mais nous prenons tout de même le temps de prendre le temps comme le dirait un certain G. Roux. Nous allons à la rencontre de la baie et longeons le "fisherman's wharf", le port de la ville. De là nous jouissons d'une vue sur l'île d'Alcatraz, notre visite prévue pour le jour suivant. A bâbord nous apercevons pour la première fois le pont suspendu. Armés de nos vélos, nous affrontons un terrible vent, rejoignons le pied de ce monstre d'acier et parcourons les plus de 2 kilomètres nous séparant de la berge opposée. Quelle sensation unique de traverser ce monument mythique datant de 1937. La circulation à vélos y est très simple puisque véhicules motorisés, cyclistes et piétons y ont chacun le propre voie. Du fait de son âge avancé, ce géant rouge est en constante rénovation. Le crépuscule venu, nous nous dirigeons vers les lumières d'Union square sans oublier d'admirer les "cable cars" circulant dans la ville. Ces tramways à traction, autre symbole de San Francisco, sont les seuls encore en fonction de façon permanente dans le monde.

Après un bonne nuit de sommeil, nous montons à bord de la navette nous amenant sur l'île d'Alcatraz. Étant classé parc national du fait d'une faune et flore très variée, nous sommes accueillis par un ranger. Coiffé du traditionel chapeau, ce sosie de Johnny Depp transmet les instructions et règles à respecter au groupe de visiteurs. Un petit film d'introduction nous apprend que la prison ferma ses portes en 1963. Par la suite, l'île fut occupée pacifiquement par les indiens entre 1969 et 1971 dans un mouvement de revendication de leurs droits. D'ailleurs, on y voit encore aujourd'hui quelques traces de leur passage. Nous visitons l'intérieur de cette prison qui a "hébergé" de célèbres détenus, notamment le gangster Al Capone. Nous découvrons les alentours de l'île et apprécions la vue unique sur la skyline de SF.

Une fois de retour de notre excursion, nous prenons la direction de la bibliothèque publique. Ce n'est pas une envie soudaine de dévorer quelques pages d'un bouquin qui nous y pousse, mais la possibilité d'utiliser les ordinateurs de ce lieu. En effet, il est temps pour nous de planifier la suite de notre périple. Nous avions initialement prévu de prendre la route menant au parc national Yosemite et au lac Tahoe. Devant la difficulté à trouver des places de camping (celles-ci se réservent des mois à l'avance) et ce malgré le fait que nous soyons hors-saison, nous sommes dans l'obligation de revoir nos plans. Il est par ailleurs impossible d'envisager du camping sauvage car cela est interdit. La forte population d'ours présente dans la région est également un facteur non négligeable...Après avoir tourné et retourné le problème dans tous les sens, nous abandonnons l'idée de nous y rendre et planifions un nouvel itinéraire. Notre route passera par Sacramento, la capitale de la Californie, et Redwood Forest dont les arbres géants devraient nous séduire.

Satisfaits et prêts à reprendre la route le lendemain, nous nous dirigeons vers l'entrée principale de la bibliothèque, là où nous avons parqué nos vélos. Soudainement, l'incompréhension nous envahit: où sont passés nos fidèles Merida? Pendant une demi-seconde, nous nous demandons si c'est bien à cet endroit que nous les avions laissés. Très vite nous réalisons qu'ils ont été dérobé! Ceci en plein jour, devant un endroit fréquenté alors qu'ils étaient enchaînés! Comble de la malchance, lorsque nous demandons à visionner la caméra de sécurité placée juste au dessus du parking à vélo, on nous apprend que celle-ci est hors-service. Notre soirée se transforme en calvaire et la suite du voyage se trouve fortement compromise. Nous passons tout d'abord au poste de police le plus proche où l'officier nous demande de remplir un rapport en ligne. Peu enclin à abandonner nos chères bicyclettes, nous parcourons les alentours dans le maigre espoir de les apercevoir. Nous interpellons deux policiers en patrouille qui prennent la description de nos vélos et nos numéros de téléphone nous assurant qu'ils nous contacteront en cas d'éléments nouveaux. Résignés, dégoûtés, passablement énervés, nous rejoignons notre hôtel en prenant le soin de réserver une nuit supplémentaire.

Le matin suivant, après une ultime tentative infructueuse de retrouver nos deux-roues, nous nous résignons à nous mettre en quête d'une nouvelle monture. Nous trouvons finalement pédales à nos pieds chez "Mike's bikes". Pour le même prix qu'à Bangkok, nous achetons deux vélos de qualité toutefois inférieure mais qui devraient faire l'affaire pour rallier Vancouver. Cette mésaventure plombe non seulement notre budget mais nous laisse surtout un goût amer de San Francisco. Nous nous demandons encore ce qui est le plus affligeant, le vol ou le fait que ce genre de délit ne choque plus personne tant il est fréquent. Cependant, cet épisode dont on se serait bien passé ne nous empêchera pas de poursuivre notre route et prendre toujours autant de plaisir au guidon. On the road again!