Le soleil matinal nous accompagnant, nous débutons pleins d'entrain notre remontée de la côte du Vietnam. L'idée qu'on s'était faite de cette partie du voyage va rapidement se révéler n'être qu'un doux rêve. Nous qui pensions profiter des plages sous des températures tropicales, nous voici pédalant de toutes nos forces face au vent frais et la pluie venus du nord.

Ces conditions climatiques nous accompagneront durant les six jours qui nous séparent de Hoï An. Cela dit, nous avons bénéficié d'une légère accalmie de quelques heures, le temps pour nous de profiter d'une pause balnéaire sur une plage déserte. Déserte, tout comme ce "Resort" en bord de mer que nous avons découvert un soir alors que nous cherchions un lieu pour nous restaurer. Incroyable sensation de se balader dans une sorte de ville fantôme! En tout et pour tout, cinq touristes russes croisés... Décidément ce n'est vraiment pas la haute saison touristique. Mais durant ces six jours, nous avons senti monté l'effervescence des populations locales à l'approche de la fête du "Têt" (le nouvel an vietnamien et chinois). Les préparatifs dans les villages vont bon train: des marchés de fleurs jaunes prennent place le long des routes (visiblement l'équivalent du sapin de noël chez nous; chacun doit avoir son pot de fleur chez lui!), des spectacles traditionnels nous ont surpris à Quy Nhon, les drapeaux vietnamiens et communistes sont hissés haut, etc... Les "hellos" des habitants se transforment gentiment en "Happy new year"! 

C'est à travers rizières et rivière (c.f. vidéo) que nous pénétrons la cité de Hoï An. Nous sommes alors le 7 février, ce qui, dans cette contrée, correspond à la Saint-Sylvestre occidentale. En effet, la nouvelle année vietnamienne dépend du calendrier lunisolaire: la fête se passe lors de la première nouvelle lune entre le solstice d'hiver et l'équinoxe de printemps. Quel heureux hasard! Après une visite de la vieille ville (inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO) et de ces rues sublimées de lanternes, nous assistons à une grande fête populaire: concerts, lâché de lampions flottants, fête foraine, et un final en apothéose avec un feu d'artifice d'une petite demi-heure, ayant sans doute coûté la moitié du PIB national... Il s'agit pour nous clairement d'un traquenard, puisque nous nous laisserons guider par la fête jusqu'au petit matin. Comme nous disait un Vietnamien autour d'un Bun Bo (soupe de nouilles au bœuf): "Ici, les gens travaillent toute l'année, pour tout dépenser à la période de la fête du Têt!" En effet, nous l'apprendrons parfois à nos dépens, tout reste fermé durant trois jours, le pays étant comme paralysé...

Malgré notre manque de sommeil, nous partons de pied ferme en direction de Da Nang. Une fois n'est pas coutume, nous nous stoppons une petite heure dans un golf afin d'y taper quelques balles. Alignés au
"driving", nous suivons l'initiation proposée par Sachie (ancienne gloire du golf chez les moins de 14 ans valaisans ;} ) et balançons quelques prunes tant bien que mal sur la grande pelouse nous faisant face... Drôle de sensation de se retrouver comme dans ces films où les hommes d'affaire partent frapper des balles à leur pause déjeuner histoire de se changer les idées!

Vidés par tant d'efforts, nous prenons le chemin des "Marble Mountains" à l'orée de la ville de Da Nang. Ces étranges formations géo-morphologiques sont en fait cinq montagnes de marbres posées sur une vaste plaine, se décollant de l'horizon telles les pains de sucre de Rio! D'innombrables grottes, dont certaines sont à peine accessibles, des escaliers escarpés, des pagodes installées au pied de grandes parois rocheuses,... Balade tout à fait étonnante! Nous regrettons néanmoins que la patte de l'homme ait construit un immense ascenseur adossé à la montagne, jurant complètement avec la beauté du paysage naturel! 

Suite à cette visite, nous nous dirigeons vers Da Nang, ville d'un million d'habitants construite sur une presqu'île ponctuée de monts surplombant majestueusement les flots. Nous y passerons deux nuits, histoire de prendre le temps de visiter ses nombreux atouts (les différents ponts dont celui du dragon, ses plages, la Monkey Mountain et la lady Buddha, représentation féminine du dieu bouddhiste). 

Le surlendemain, nous voilà sur la route pour rejoindre Hué, ville historique hébergeant la cité impériale datant de la dynastie Nguyen. Cette famille régnait sur le Vietnam avant la colonisation française et Hué en était alors la capitale. Malheureusement, ce site a été largement détruit par les bombardements américains lors de la guerre du Vietnam. Ceci étant dit, la visite en vaut la peine ne serait-ce que pour sa cité pourpre, magnifique architecture typique de l'époque. 

Nous voici donc le 11 février à Hué. Comme nous devons atteindre Hongkong le 25 février pour prendre un avion déjà réservé, nous savions depuis quelque temps déjà que nous ne ferions pas toute la côte à vélo, malgré les nombreux sites à visiter tels la zone démilitarisée ou encore les plus grandes cavernes du monde. Nous sommes donc contraints de rechercher un moyen de rallier Hanoï au plus vite. Le train nous semblait le moyen le plus sûr et recueillant de bonnes critiques sur les forums en ligne. Mais, comme dit auparavant, la fête du Têt dure trois jours et les transports publics sont bondés. En effet, les Vietnamiens des grandes villes rentrent dans leurs provinces natales à l'occasion des festivités. Aucune chance pour nous de dégotter un billet de train... Nous devons vraisemblablement nous rabattre sur les bus! C'est là que ça devient drôle: nous passons alors d'agence en agence afin de nous informer sur les prix, qui sont visiblement majorés durant cette période de fêtes... Tant bien que mal, nous arrivons à passer de 60 dollars environs le billet "homme+vélo" à moins de 30 dollars. Comme toujours ici, il faut savoir négocier, et chez nous c'est Patate le spécialiste! C'est ainsi que nous nous installons dans un bus-couchettes à étages, bazardant littéralement les vélos en soute, et nous voilà maintenant en route vers la capitale...