Après quelques heures de sommeil dans l'internet-café trouvé tard dans la nuit, nous prenons des forces dans un Delifrance qui a le mérite de nous rappeler le vieux continent. Nous quittons Kyoto et remontons le lac Biwa, la plus grande étendue d'eau douce du Japon. Ce dernier doit son nom à sa forme qui ressemble à un biwa, une espèce de mandoline traditionelle japonaise. Nous passons alors la nuit à Hikone, célèbre pour son château médiéval, le plus ancien du Japon n'ayant pas été détruit.

Le lendemain, portés par un vent de dos et des jambes de feu, nous slalomons à travers monts et forêts et atteignons Nagoya, quatrième ville du pays de par sa population. Nous y passons deux nuits et découvrons ses principales attractions: Central Park (bien plus petit que son illustre confrère new-yorkais) et sa tour radio; L'Oasis 21, un centre commercial surmonté d'une plateforme à l'allure d'un vaisseau spatial en guise de toit; le musée des sciences et sa grosse boule; les galeries marchandes d'Osu et le temple Kannon; et le sanctuaire d'Atsuta jingu. Ce dernier pourrait renfermer l'épée légendaire Kusanagi, l'Excalibur locale que seul quelques prêtres auraient vus lors de chaque sacre de l'empereur du Japon. Nagoya nous fait un petit clin d'oeil lorsque nous découvrons dans Central Park de nombreuses références à Los Angeles, première ville de notre futur périple américain. Les deux villes sont en effet jumelées depuis 1959.

Nous nous retrouvons déjà en partance pour Tokyo, pour ce qui sera la dernière étape sur sol asiatique. Le premier jour, nous nous dirigeons vers la côte et dormons à Toyokawa, une nouvelle fois dans un internet-café. Cela deviendra monnaie courante jusqu'à la fin de notre séjour au Japon. Effectivement, nous quitterons l'Empire du Soleil Levant en étant membres de pas moins de trois "manga kissas". Comment ne pas devenir fan de ce genre d'établissements lorsque ceux-ci proposent un lit, un ordinateur, une tv, des mangas, des boissons à volonté et une machine à glace, le tout pour un prix défiant toute concurrence!

Le jour suivant, nous atteignons la côte et longeons l'océan pacifique sur une piste cyclable peu entretenue voire délaissée. Un vent puissant a raison de nous et nous oblige à rentrer dans les terres plus vite que prévu. Après cette étape qui s'avère être là plus longue en terme de kilomètres (148 km!), nous arrivons à Shizuoka.

Dès le lendemain nous sommes sensés voir le mont Fuji, cependant le bonhomme est joueur. Il restera sans cesse caché derrière un manteau nuageux et nous l'apercevrons que furtivement et partiellement. Ce monstre de pierres se refuse à nous, à notre grand désespoir...

Ensuite, la dernière difficulté avant la capitale s'offre à nous: un col de 20 kilomètres nous menant au lac Ashi. Il s'agit d'un lac de cratère qui s'est formé sur le volcan d'Hakone. La vue vaut le détour même en l'absence du mont Fuji en arrière-plan. 

Après avoir passé une nuit à Atsugi, nous touchons enfin au but, la mégapole Tokyo se dresse devant nous. Nous redoutions cette ville et son trafic mais nos craintes vont vite s'envoler. La circulation est fluide et il est relativement aisé d'y rouler à vélo. Après avoir connu le chaos organisé des grandes villes de l'Asie du Sud-Est, cette tâche est sans doute grandement facilitée.

Notre camp de base à Tokyo est un hôtel capsule muni d'un spa dont nous profiterons largement. Après désormais 4000 kilomètres dans les jambes, cela tombe à point nommé! Nous consacrons deux jours entiers à visiter différents quartiers s'apparentant à chaque fois à une ville à part entière. Nous visitons les habituels temples et marchés, le government building et sa vue panoramique, la tour de Tokyo (inspirée de la tour Eiffel) et différents parcs où les cerisiers japonais fleurissent. Nous empruntons le Shibuya crossing, fameux carrefour où un million de personnes se croisent quotidiennement. On y trouve également la statue d'Hachiko, célèbre chien qui attendu son maître pendant près de 10 ans devant la gare environnante et devenu symbole de fidélité pour les Japonais. Il n'est d'ailleurs pas rare d'y voir des couples se promettre un amour sans faille. Tokyo est une ville surprenante où l'on y trouve de tout. Ce mélange entre moderne, avant-gardiste et traditionel fait le charme de cette mégapole. 

Nous passons la veille de notre départ à chercher désespérément des cartons afin d'emballer nos vélos pour l'avion, l'aéroport n'ayant étonnament pas de service d'emballage. Après une journée entière à tourner dans Tokyo et une bonne quinzaine de magasins de vélos, nous dénichons finalement un carton pour vélos et deux autres de plus petites tailles que nous assemblerons. Point positif de cette escapade, nous découvrons de nouveaux quartiers et point d'orgue de la journée, une statue de Godzilla de... 50cm de hauteur, plantée à côté d'un fast-food!

Le soir, nous campons une dernière fois dans un internet-café aux abords de l'aéroport. Ce dernier se situant à une bonne heure de train du centre-ville, nous souhaitons prendre de la marge car expérience déjà faite, l'emballage et le check-in de vélos peuvent facilement prendre la journée. Le lendemain à 19h30, nous embarquons sans difficulté à bord de l'airbus A380 qui nous fera traverser l'océan pacifique. Après quasiment 3 mois passés sur sol asiatique, il est donc l'heure pour nous de quitter ce continent qui nous aura fait découvrir tant de magnifiques paysages, de personnes chaleureuses et de mets délicieux. Pas le temps d'être nostalgique cependant car la côte ouest des Etats-Unis nous promet encore bien de jolies aventures et nous sommes impatients d'y poser les pieds.