Samedi 12 mars: Nous quittons Hiroshima sous un soleil radieux pour nous retrouver très rapidement dans la campagne japonaise. Le décor est séduisant et l'atmosphère zen chère aux japonais se fait ressentir. Les maisons que nous croisons nous offrent un joli aperçu de l'architecture traditionelle nippone. Ce qui est sûr, c'est que le japonais a la main verte: chaque maison possède son petit jardin avec son lot d'arbres et d'arbustes soigneusement taillés. Nous regagnons Onomichi en fin d'après-midi et nous attelons à chercher un logement pour la nuit. C'est en nous dirigeant dans la vieille ville que nous tombons un peu par hasard sur la gérante du Ryokan (Auberge traditionnelle) sur lequel nous lorgnons. Et quel heureux hasard tant il aurait été difficile de le trouver par nous-mêmes. L'auberge se situe dans un lieu peu conventionel au beau milieu de temples et cimetières bouddhistes. Pour y accéder, il faut emprunter tour à tour petites ruelles et escaliers. Notre résidence pour la nuit nous séduit par sa simplicité. Tout y est traditionel: le bain japonais, les futons à même le tatami, les toilettes sans chasse d'eau (un trou!), les portes coulissantes en papier, les parois en bois et l'absence de chauffage. C'est sous trois couvertures que nous nous endormons paisiblement.

Le lendemain, nous prenons la route en direction de l'île de Shikoku. Tout de suite, nous remarquons que cette route est très prisée par les cyclistes japonais. Et à juste titre puisque tout est fait pour les (et nous!) combler avec une piste cyclable et des ravitaillements chaque 10km. Nous traversons ainsi la bagatelle de 7 ponts et 6 îles avant de rejoindre Imabari où nous passerons la nuit. Il nous faudra ensuite 2 journées pour rejoindre le port de Takamatsu. En chemin nous ferons halte à Kotohira où nous découvrirons le temple de Konpira-san et ses 785 marches (!) pour y accéder. C'est l'un des 88 temples de l'île de Shikoku, haut lieu de pélerinage au Japon et parfois surnommé le Compostelle japonais.

Nous embarquons à 6h du matin sur le ferry pour Kobe. Une fois n'est pas coutume, il est aisé de monter à bord. Nous emboîtons le pas des camions et véhicules motorisés et rentrons par la grande porte! En regagnant nos sièges à l'étage, quel étonnement lorsque nous apercevons une tête connue. Il s'agit du gérant de l'hôtel où nous avons dormi. Le bougre ayant oublié de déposer devant notre porte le petit-déjeuner japonais de Patate (au grand désespoir de ce dernier) nous le livre en main propre. Bel attitude de ce monsieur qui gagne tout notre respect. Quatre heures et une sieste plus tard, nous voilà débarqués à Kobe où nous passerons en coup de vent afin de rejoindre notre objectif de la journée, Osaka. Arrivé là-bas, nous prenons possession de nos quartiers pour les deux prochaines nuits. Notre chambre que nous surnommerons la "cellule" ne fait que 5m2. Heureusement pour nous, nous avons pris le pack "libération conditionelle" et pouvons nous échapper durant la journée. La visite de cette ville nous amène au sommet de L'Umeda Sky buidling où son floating garden nous permet d'apprécier une vue à 360 degrés sur la cité. Par la suite, nous nous baladons dans les jardins du château d'Osaka et finissons à flâner dans le marché de Kuromon. Le soir venu, nous nous rendons à Dotonbori, quartier animé où les enseignes lumineuses fleurissent. La plus célèbre d'entre elle, le Glico man, trône fièrement depuis 1935. C'est la confiserie Glico, connue en Europe pour les Mikado, qui en est à l'origine.

Nous mettons ensuite le cap sur la paisible ville de Nara, à quelques dizaines de kilomètres d'Osaka. Ce petit coin est célèbre pour son parc national et ses "trésors", un bon millier de biches Sika. Ces dernières vivent à l'orée de la ville et ne craignent pas l'être humain. Il est même possible de les carresser, les nourrir et de prendre des selfies! Malheureusement, un sentiment d'inachevé bien connu de nombreux chasseurs nous envahi puisqu'aucun cerf n'a daigné montrer le bout de ses bois. Dans ce cadre idyllique, nous visitons le temple de Todai-ji et son impressionnante statue de Bouddha (14m de hauteur!).

Le jour suivant, nous atteignons Kyoto à quelques 50km de là. Cette ville est non seulement connue pour ses parcs et temples mais également pour avoir été le théâtre de la signature des accords sur le climat en 1997. C'est donc tout naturellement que nous visitons le parc du Palais Impérial au centre de Kyoto. Nous avons même la chance de pouvoir contempler quelques cerisiers japonais déjà en fleurs. Nous partons par la suite à la découverte du temple Kinkaku-ji qui sort du lot du fait de sa parure dorée. Le petit étang bordant ce pavillon d'or apporte la touche finale à cette toile de toute beauté. Après une nuit agitée (nous y reviendrons...), nous découvrons le temple de Ryoan-ji, fondé en 1450 et célèbre pour son jardin de pierres, emblème de la culture zen japonaise. Notre séjour à Kyoto se termine ainsi sur une balade dans les sublimes jardins de ce monastère.

Parlons maintenant de cette fameuse nuit. Cela faisait déjà quelques jours que nous cherchions un logement à Kyoto. Les rares chambres disponibles dépassaient largement notre budget. Comme nous l'avons appris à Nara, les japonais bénéficient d'un week-end prolongé grâce au jour férié de l'équinoxe du printemps. Les hôtels et autres guesthouses affichent donc complet depuis déjà pas mal de temps. Ceci n'arrange point nos affaires, nous qui prévoyons que rarement à l'avance où passer la nuit... Heureusement, nous avons plus d'un tour dans notre sac, et nous sortons la bonne vieille carte du café-manga ouvert 24h sur 24. Ces internet-cafés proposent ordinateurs, connexions WiFi, collections de manga, bar à boisson, douches parfois, et tout ceci pour un prix inférieur à une guesthouse. Il n'est pas rare de voir des gens y passer la nuit. Il est même possible d'avoir un box privé avec à choix un fauteuil, un siège massant, un petit canapé ou une couchette. Après tout de même deux refus car complet, nous trouvons à 2h du matin un établissement pour cette courte nuit. Nous y fermerons les yeux quelques heures avant le départ pour Nagoya...