À Phnom Penh, nous logeons au cœur des rues animées de la ville; les bistrots et pubs se succèdent nous permettant ainsi de profiter de nos soirées à deux pas de notre auberge de jeunesse. 

Nous devons rester quelques jours dans la capitale cambodgienne car nous y faisons nos visas pour le Vietnam et pour la Chine. Pour cette dernière, il faut, en théorie, trois jours ouvrables avant d'obtenir le précieux sésame. Mais nous avons l'idée lumineuse de nous renseigner auprès du gérant de l'auberge de jeunesse; il nous propose, par un procédé qui restera pour nous un mystère, de réaliser des visas express à récupérer le lendemain soir déjà! Ni une ni deux, nous sautons sur l'occasion malgré le prix légèrement réhaussé. Ainsi nous obtenons nos visas le vendredi soir, et nous pourrons décoller dès samedi matin en direction du Vietnam.

Mais avant cela, nous avons donc séjourné deux jours complets à Phnom Penh. Arrivés le mercredi soir, nous décidons de visiter le Palais Royal le jeudi. Il s'agit d'un vaste domaine sécurisé (encore que... sécurité à la Cambodgienne dirons-nous!) où se juxtaposent temples, statues, pavillon en l'honneur de Napoléon et autre bâtiments abritant la richesse du royaume. En face de ce palais, un énorme parc public fait face à la confluence du Mékong et du Tonle Sap. Un gigantesque panneau en l'honneur du roi y trône fièrement... Paradoxe dans ce pays où la misère côtoie l'incroyable richesse de la famille royale.

Nous poursuivons notre petite visite urbaine dans les différents parcs et dans les rues marquées par une architecture restée souvent fidèle au style colonial français. Charmante cité, mais il n'y a pas non plus 50 monuments à voir. Ainsi le vendredi sera consacré à la récupération et aux achats d'habits "made in Cambodge"; il faut bien le dire, nous en avons largement profité pour nous refaire une garde-robe. Vous me direz que ce n'est pas très malin vu le peu de place que nous avons sur nos vélos... Nous y avons pensé, c'est pourquoi nous passerons poster un carton d'habits le samedi matin à la Poste Centrale. N'imaginez pas la Poste comme chez nous; nous sommes alors les seuls clients dans cette immense bâtisse, et les dix employés semblent chercher du travail... Bref, cela étant fait, nous sommes maintenant sur la route en direction du Vietnam!

La sortie de l'agglomération restera mythique à nos yeux; route non goudronnée, circulation de fou (c.f. vidéo),... Une bonne heure à haut taux d'adrénaline plus tard, nous voici enfin dans la campagne, le long du Mékong. À une soixantaine de kilomètres de Phnom Penh, nous franchissons ce magnifique fleuve. Un pont majestueux et flambant neuf nous permet d'éviter de prendre le ferry qui reliait les deux berges jusqu'alors. Nous parcourrons au total plus de 130 kilomètres en ce samedi, histoire d'atteindre la ville de Svay Rieng où nous dégotterons une petite guest-house tout sauf accueillante pour passer la nuit. En effet, la salle de bain est en décomposition avancée, la saleté est consternante (nous avons tout de même découvert un emballage de préservatif ouvert sur un lit), et les deux lits proposés pour nous quatre sont prévus normalement pour une personne... Mais bon, on est crevé, ça ira très bien pour récupérer un max. Le lendemain, nous franchirons la frontière. Le temps d'admirer sur quarante kilomètres encore les beautés du paysage du Cambodge ainsi que la générosité des gens...

Le poste de frontière (en réalité un centre commercial désaffecté réaménagé) passé sans encombre, nous foulons le bitume vietnamien sur trente kilomètres encore avant de nous arrêter dans un "massages-hôtel", juste après la ville de Trang Bang, tristement célèbre pour avoir reçu une bombe au napalm par erreur en 1972. L'armée Sud-Vietnamienne pensait en effet larguer cette bombe sur un repère de soldats Viêt-Congs, alors que la pagode en question servait de refuge à des paysans de la régions. C'est sur cette route que la célèbre photo de la petite fille, le dos brûlé par le napalm, à été prise par un journaliste présent sur les lieux. La légende dit même que ce cliché aurait contribué à mettre un terme à la guerre du Vietnam. Nous  souperons ensuite dans un petit restaurant tenu par des Chinois établis de longue date dans la région. Très sympathique rencontre avec les deux frères patrons de l'établissements, tout à fait stupéfaits de notre performance!

Ce qui nous marque dans ce pays, c'est le retour à une densité folle sur la route, avec un nombre incalculable de scooters. En effet, en ce lundi nous avons pour but Ho Chi Minh Ville, à une soixantaine de kilomètres environs, et à chacun de ces kilomètres nous observons la circulation augmenter jusqu'à devenir complètement saturée à l'entrée de la ville. À vélo, dans cette mégapole, c'est pas triste. Les règles de circulation n'existent pas; chacun tente de se frayer un passage, essayant d'indiquer à l'autre qu'il sera prioritaire à coups d'accélérateur complètement insensés... Et il n'est absolument pas rare de voir des colonnes de scooters squatter les trottoirs, redoublant de coups de klaxon comme pour indiquer aux piétons qu'ils sont dans leur droit! Étonnant! Les traversées de route à pied ne sont de loin pas une partie de plaisir: il faut se lancer et tenter de faire arrêter un scooter de temps en temps histoire de gagner un demi-mètre. Mais si un véhicule sent qu'il peut passer à quinze centimètres devant vous, il le fera, et plutôt en accélérant qu'en ralentissant!

Pour le reste, Ho Chi Minh est une ville très charmante, animée comme jamais. De nombreux marchés proposent tout et n'importe quoi. Et puis il y'a un nombre impressionnant de touristes occidentaux, avec donc une offre intéressante de restaurants, bars et pubs! Nous y resterons deux nuits, un jour complet donc pour faire le tour des choses à voir: le palais de la réunification, l'opéra, l'hôtel de ville, le riverside, etc... Départ prévu mercredi matin, direction Da Lat, que l'on devrait rejoindre en trois jours environs...